Roland Jourdain va lancer dans les prochains mois la construction d’un multicoque. C’est la première fois qu’un catamaran de cette taille – 18m28 – intégrera autant de biomatériaux. « Ce projet est la continuité du travail et de l’engagement de toute une équipe afin de limiter notre impact sur l’environnement. Faire mieux avec moins est un challenge permanent où se mêlent chez nous ténacité et humilité » résume Roland. Le bateau sera aux couleurs du fonds Explore, qu’il a créé avec Sophie Vercelletto, et est baptisé We Explore.
Depuis une dizaine d’années, Roland planche avec ses équipes de Kaïros Environnement sur l’utilisation de la fibre de lin en remplacement de la fibre de verre. Dès 2013, il construit avec ces nouveaux matériaux un premier trimaran de 7m – Gwalaz – qui sert encore aujourd’hui de plateforme de test. Cette expérience, ainsi que le travail sur des surfs, des paddles et d’autres bateaux rendent possible aujourd’hui la construction d’un multicoque de grande taille.
Un bateau pour tracer un nouveau sillage
We Explore est conçu pour faire rêver car une approche écoresponsable n’empêche pas la recherche de performance. « Le plaisir doit rester central. Pour faire bouger les lignes, il faut proposer des solutions alternatives séduisantes et c’est ce que nous recherchons avec We Explore. »
Le catamaran est un Outremer 5X, dessiné par le cabinet VPLP pour les grandes chevauchées océaniques. A l’œil nu, il est très proche de ce spectaculaire multicoque mais c’est du côté de la construction que les choses changent. Pour la première fois, la fibre de verre est délaissée au profit de la fibre de lin, fournie par le leader : Terre de Lin. « La fibre de lin présente beaucoup d’avantages. Elle est produite en circuit court, a des propriétés proches de celles de la fibre de verre et est beaucoup moins énergivore à produire » résume Roland Jourdain. C’est en effet en Normandie que le lin est produit et il y pousse facilement. Chistophe Baley, professeur à l’Université de Bretagne Sud est un grand spécialiste des fibres végétales et lui prête une autre vertu : « C’est un test à grande échelle pour utiliser la biomasse, et ainsi stocker le CO2, dans un produit industriel » résume l’universitaire.
« Questionner nos usages »
Dès aujourd’hui, We Explore est pensé pour avoir plusieurs vies. D’abord destiné à la performance et la vitesse, le multicoque sera dans un premier temps équipé à minima afin d’être léger et rapide. Une fois qu’il aura fait la preuve de ses capacités marines, il embarquera les explorateurs du fonds de dotation et leurs différentes missions qu’il s’agisse de recherches, d’innovations ou de sensibilisation.